jeudi 4 février 2010

"Une vie chinoise" de Otié et Li Kunwu, éditions Made In


Une planche pour se rendre compte du graphisme :




"Une vie chinoise" est une autobiographie de Xiao Li, peintre qui a mis son talent au service de la propagande chinoise. Né en 1955 d'un père cadre du parti et d'une mère ouvrière, le jeune Xiao Li va connaître la révolution dirigée par le grand timonier Mao Zedong.
Cette autobiographie nous montre l'esprit des populations chinoises à cette époque. Ce que raconte Xiao Li est assez incroyable. Le grand bond en avant décidé par Mao Zendong va plonger le pays dans une famine comme la Chine n'en a jamais connu. Pour produire du minerais, les chinois vont fondre tout ce qu'ils vont trouver. Pour faire tourner les fourneaux, ils vont couper tous les arbres. Pour supprimer les nuisibles dont on disait qu'ils étaient responsables des mauvaises récoltes, tous les enfants du pays vont éradiquer tous les insectes.
Parallèlement à ce désastre, le conditionnement des populations et la répréssion atteignent des niveaux que même les romans de SF dystopiques les plus noirs n'ont pas imaginé. Les enfants sont les principaux délateurs. Ce qui est un jeu pour eux, envoit des milliers de personnes dans les camps de ré-éducation ou pire à une mort certaine. Leur slogan : "Au service du peuple". Le Père de Xiao Li qui est au parti vit très mal cette période. Il n'est pas d'accord avec la tournure des évènements. Il sait qu'il ne peut rien dire. Il se retrouvera malgré tout dans les camps suite à une dénonciation, ses parents étant de riches propriétaires, ce qui est totalement anti-révolutionnaire.
Xiao Li ne pense qu'à une chose : rentrer au parti. Ce qui ne lui sera pas facile. Il s'engagera comme fermier volontaire (élever deux vaches sans aide ni confort, une situation pire qu'au moyen-âge). C'est un véritable endoctrinement de la population entière qu'est en train de réaliser Mao, qui est plus un gourou et un dictateur qu'un chef d'état. A sa mort, le pays sombre dans un état second. Tout le monde est perdu et croit qu'il n'y a pas d'après. Pourtant Deng Xiaoping va relever le pays (pas trop difficile après des années de noirceur).
Le père de Xiao Li sera relâché, Xiao Li mettra son talent de dessinateur au service de la propagande et atteindra la joie suprême d'entrer au parti.
Cette oeuvre (il y aura 3 tomes) est remarquable. C'est un témoigagne très important sur ce qui s'est passé en Chine durant les années Mao et après. La vie d'un homme mais aussi de toute une population, de millions de chinois.
C'est un manhua (manga chinois) très imortant au même titre que "Gen d'Hiroshima" pour le manga japonais et que "Massacre au pont de No Gun Ri" pour le manhwa coréen.
Le dessin un peu caricatural et épais colle parfaitement aux évênements. C'est très bien rendu. Autant la liesse des populations que les périodes de famine et de répréssion sont justes.
Pour les amateurs d'Histoire mais pas seulement car on apprend beaucoup avec cette bd sans avoir l'impression de suivre un cours magistral sur la Chine.

- Moi, quand je serai grand je serai balayeur !
- Je serai un soldat tueur de moustiques.
- Moi, simple paysan
- Bien, très bien ! Vous ne serez pas des bourgeois ! Vous êtes la relève de la
cause révolutionnaire !

4 commentaires:

Lelf a dit…

J'ai le premier tome à la maison, mais je ne l'ai pas encore lu. C'est un ami qui étudiait le chinois qui m'a fait découvrir, il avait adoré.
Par contre je croyais qu'il y aurait seulement 3 tomes, tu m'apprends quelque chose !

Kactusss a dit…

@ Lelf : merci pour ton commentaire qui me permait de corriger une bourde ! C'est bien en 3 tomes que c'est prévu. J'ai du mélanger avec autre chose...
Sinon dépêche-toi de le lire. Tu verras, tu ne seras certainement pas déçue.

Choco a dit…

Ceux-là aussi sont dans ma LAL et je suis persuadé qu'ils valent effectivement le détour !
Du temps... je veux du temps ! :D

Kactusss a dit…

@ Choco : du temps ?? Suffit d'arrêter de dormir ! ;-)